Voyageons dans l'histoire...
Plouzélambre, en d'autres siècles

 


Les origines...

Plou, préfixe de nombre de villages bretons, dérive du latin "plebs", (la plèbe, le peuple), est traduit actuellement par paroisse. Il est dit qu'il désigne l'ensemble des chrétiens fréquentant une église, ou le territoire habité par ces chrétiens, Plou étant suivi du nom du saint fondateur de cette paroisse.
Or, concernant Zélambre,
nous ne savons rien de ce "patron",
et l'église ainsi que la fontaine
portent le nom de Saint Sylvestre.
Il semblerait que l'origine du village soit bien plus ancienne, car, bien qu'aucune trace de voie romaine n'ait été découverte - (cf "La civitas des Osismes à l'époque gallo-romaine"Auteur : Louis PAPE) - des substructions gallo-romaines ont été mises à jour en 1851 près de l'église, et sont répertoriés à Kervegan : restes d'aqueduc, ruine d'une villa, débris de mosaïque à cubes de marbre blanc et de pierre noire, quelques pans de murailles...- (J. GAULTIER du MOTTAY, Répertoire, 1884, p. 312 -A. L. HARMOIS, Inventaire, 1912, p. 231).

"En 56 avant J.C., les Romains battent les Celtes armoricains et apportent pour quatre siècles une nouvelle civilisation..." - ("Patrimoines et histoire du pays de Plestin des origines au Moyen-Age" Auteur : Jean BOUTOUILLER).
Parmi ces peuples armoricains, les Osismi, ou Ostimioi, ou Osismes, dont le nom d'origine préceltique pourrait signifier "ceux de l'Ouest", occupaient le Trégor en particulier, et le territoire actuel de Plouzélambre.

Les Seigneurs...

Nous retrouvons Kervégan dans l'ouvrage de Yannick Botrel, "Les justices seigneuriales de l'évêché de Tréguier" : "KERVEGAN Alias Kervégan-Plouzélambre ou Kervéguen. Cette seigneurerie, dont le château est à Plouzélambre, possède la haute justice avec patibulaire à quatre piliers se dressant dans la paroisse de Tréduder. Cette juridiction s'exerce en 1659 et 1770 au bourg de Plouzélambre, où se trouvent le carcan et le poteau de la justice..."
Dans le même ouvrage est citée également la seigneurerie de Kergadiou qui "... possède une juridiction mentionnée en 1637 sans indication de degré puis qui est citée moyenne et basse en 1682."
..."En 1536, Kergadiou appartient à Jean de Mesvillac. En 1637 cette seigneurerie est à Alain Quemper, seigneur de Lanascol, et demeure ensuite dans cette maison."
Quant au manoir de Kerbave, rappelez-vous : "Il était une fois deux seigneurs qui se disputaient le pouvoir...", ce gisant médiéval serait celui du chevalier Olivier AREL qui prit part au combat, en 1351, sur la lande entre Josselin et Ploërmel,

opposant 30 chevaliers bretons et français
à 30 chevaliers anglais, bretons et allemands.
(Episode de la guerre civile
entre partisans des Blois et des Montforts).

Le gouvernement de la paroisse...

(d'après " Les notables du Trégor Eveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850) " de Christian KERMOAL)
L'administration des biens des églises et des chapelles par des laïcs est organisée en Bretagne dès la fin du XVème siècle. La construction, l'entretien et la réparation des lieux de culte forment la vocation première des fabriques.

Les habitants des paroisses, du moins ceux qui sont propriétaires, ont en charge l'entretien des lieux de culte, c'est-à-dire la nef et le cimetière de l'église paroissiale ainsi que le presbytère.
La liste est fort longue des églises et des chapelles qui menacent ruine, (modicité et difficulté des rentrées d'argent, incurie de certains administrateurs).
Où nous retrouvons Anatole Le Braz : " une église vétuste, à demi effondrée, ne tenant debout que par miracle ".
Celle de Plouzélambre n'échappe pas à la règle : Monseigneur LE MINTIER, évêque de Tréguier, ordonne en 1787 la démolition de ses deux ailes.

La multitude des fonctions qui couvre toute l'administration de la paroisse n'en constitue cependant que la partie exécutive. La décision en matière de gouvernement temporel appartient à une instance supérieure : " l'assemblée générale des habitants ", ou la " généralité des paroissiens ", le " général de la paroisse ",
le " général ".
Les affaires traitées touchent les biens des églises mais également la communauté entière : attributions de pierres tombales, passations de baux, reconnaissance de rente à la fabrique, paiement de droits royaux ou seigneuriaux, construction d'une église…
En 1691, un arrêt du Parlement de Bretagne impose dans chaque paroisse une représentation locale de 12 personnes " ayant voix délibérative " et fixe les règles de fonctionnement de l'organisation.
Parmi les premiers cahiers de délibérations conservés, celui de Plouzélambre date de 1693.
Plus de 97 % des délibérateurs seraient des paysans aisés. Les femmes n'apparaissent jamais dans ces assemblées.
Plouzélambre est une des rares paroisses à leur confier
un petit rôle : la quête pour les captifs.

A suivre...