La plupart des habitants de Plouzélambre ne se
rappellent avoir vu l'ancien coq perché sur son clocher.
Pourtant, une photographie du siècle dernier le montre, (don
d'un passant que nous remercions).
La présence du monument aux morts la situerait vers 1920...
Une autre plus récente ne le montre plus...
Quand a-t-il surmonté son perchoir, et quand l'a-t-il quitté ?
Nous remercions le passant qui nous a
raconté l'histoire de sa triste fin...
Ce coq était bien là, perché sur sa croix,
depuis bien longtemps, jusqu'à ce jour maudit de 1943/1944, où
un oiseau, (qui était-il : héron, cigogne, buse ?), vint se
poser sur son dos. Le sang de l'abbé ne fit qu'un tour, il
courut prendre son fusil pour effrayer l'envahisseur. Il tira
quelques plombs dans sa direction, et... atteignit le coq, qui
éclata en deux morceaux tombant de part et d'autre du clocher.
Le coq était en bois !
Depuis, aucun autre ne vint le remplacer,
jusqu'au 19 juillet 2001, où son descendant, grâce à son
créateur, Jean-Yves Prud'homme, bronzier d'art à Tréguier, s'est
envolé, pour se poser sur la nouvelle croix qui coiffe le
clocher de l'église de Plouzélambre.
Il fait maintenant son office... de girouette et... de
paratonnerre... (et de "paraplombs", étant en cuivre !)
Utilisé dès l'Antiquité, on ne peut assurer que
le coq servit d'enseigne aux Gaulois, encore qu'il apparaisse
sur certaines monnaies.
Il deviendra cependant symbole de la Gaule et des Gaulois à la
suite d'un jeu de mots facile; le terme latin gallus signifiant
à la fois coq et Gaulois.
Si l'on se tourne vers la littérature profane, coquart signifie
fanfaron, coquebert niais ou sot. Le Roman de Renard fait de
Chanteclerc, le coq, la dupe attitrée du goupil qui ne cesse de
le mettre dans des situations dangereuses ou ridicules. Luxure,
folie et sottise sont les attributs du coq que l'héraldique
réserve aux familles de bas état.
C'est que notre oiseau est l'exemple paradoxal d'un emblème qui
n'a pas été choisi, mais imposé par les ennemis du royaume, et
qu'il a fallu ensuite intégrer à grand peine, en lui inventant
les significations flatteuses qu'il n'avait pas.
Le coq gaulois apparaît en effet dans les textes anglais et
germaniques à la fin du XIIème siècle. Le Romulean
indique que le gallus signifie le nombre infini des
sots et des fous qui, en toute circonstance, montrent leur
imbecillité. Prudente, la traduction française de ce texte
remplace ce coq par une poule. Aux XIIIème et XIVème siècles, le
coq connaît un succès grandissant dans les prophéties italiennes
hostiles à la présence française dans la péninsule, (le coq est
alors l'inverse dérisoire de l'aigle impériale), et dans les
prophéties anglaises de la guerre de Cent Ans où le fier léopard
britannique
"dévaste les lys et fait fuire les coqs".
Le coq gaulois était donc a priori difficile à récupérer. Il le
fut pourtant à la suite de deux mouvements convergents :
l'histoire nationale redécouvrait timidement les Gaulois tandis
que les humanistes ressuscitaient les philosophes de
l'Antiquité. En Italie comme en France la célébration du coq
blanc, oiseau de Jupiter et de Mercure, refleurit. Trois rois de
France successifs purent donc choisir cet emblème. L'Opus
Davidicam, dédié vers 1495 à Charles VIII par le moine
mendiant italien Jean de Legonissa, s'ouvre sur une page de
garde où deux coqs blancs soutiennent l'écu de France
et foulent aux pieds un serpent et un renard.
Trois prophéties y sont insérées : dans la
première, le coq royal s'empare de l'empire occidental et
oriental pour régner sur un monde enfin converti. Dans la
seconde, le coq blanc sauve la nef de Saint Pierre et la conduit
au port du salut. Dans la troisième, le coq blanc de la fin des
temps rétablit partout joie, abondance et vraie paix.
Le roi de France se mit à s'appeler Gallus.
Louis XII et surtout François Ier, y firent référence.
La Renaissance devait mettre en rapport le coq et la France. Les
rois Valois et Bourbons furent parfois accompagnés de cet oiseau
symbolisant la France sur des gravures, monnaies, en-têtes de
papier timbré, peintures, etc. Versailles et le Louvre
connaissent le coq, qui reste cependant un emblème mineur.
En 1665, une médaille officielle fut frappée pour la délivrance
du Quesnoy :
le coq gaulois perché sur un olivier met en fuite le lion de
Flandre :
La Révolution en fait beaucoup plus large usage: c'est le
symbole de la France ou plus précisément celui de la Vigilance,
rejoignant ainsi en quelque sorte le coq des églises qui attend
le lever du jour,
image du Soleil de justice, c'est-à-dire du Christ.
Le Directoire le conserve, au milieu d'autres objets, sur son
sceau; il somme le casque de la France assise, sur le papier à
lettres du Premier consul, et se trouve aussi sur un écu, orné
du bonnet phrygien et des lettres R.F., sur une médaille de
1801. Pourtant, si la commission des conseillers d'État proposa,
en 1804, le coq à Napoléon Ier, celui-ci déclara n'en pas
vouloir: "Le coq n'a point de force, il ne peut être l'image
d'un empire tel que la France." Il se fit donc rare par la
suite.
En 1817, on déclarait encore à la Société royale des antiquaires
de France: "Le coq, gallus, animal consacré au dieu Mars, le
symbole de la vigilance, du courage et de la valeur,
fut l'emblème des Gaulois; il est encore celui des Français."
L'imagerie s'empara du coq lors de la révolution de 1830. Le
lieutenant général, duc d'Orléans, signa le 30 juillet une
ordonnance mettant le coq gaulois sur les drapeaux et boutons
d'habit de la garde nationale, et les drapeaux tricolores de
l'armée en furent sommés: le coq remplaçait ainsi en quelque
sorte l'aigle impériale: la patte dextre du volatile s'appuyait
sur une boule marquée du mot France. Le sceau de l'État montre
l'écu royal (armes d'Orléans puis tables de la loi représentant
la Charte) posé sur six drapeaux dont la hampe est surmontée du
coq.
La IIe République fit graver le sceau de l'État qui sert encore,
à peine rectifié, pour sceller les constitutions: la Liberté
assise y tient un gouvernail marqué
d'un coq à la patte posée sur une boule.
On retrouvera encore le coq sur la hampe des
drapeaux de l'armée,
mais le prince-président y mettra l'aigle de son oncle.
Sous la IIIe République le coq fut parfois utilisé sur un écu
pour faire pendant aux armes d'un souverain venant en France. La
grille du palais présidentiel de l'Élysée s'orna d'un coq du
côté des Champs-Élysées (c'est la "grille du coq") et la pièce
d'or de 20 francs émise en 1899 porta aussi cet animal.
Lors de la Première Guerre mondiale, on opposa souvent
graphiquement coq gaulois et aigle allemande. Cependant, le
volatile national ne fait plus partie de la symbolique actuelle,
la France étant souvent représentée par une femme coiffée d'un
bonnet phrygien, c'est la Marianne des mairies.
La Belgique d'expression française ou Wallonie emploie le coq
sur son drapeau et elle l'oppose au lion des Flamands et des
flamingants. ___________________________________ (Sources :
Encyclopædia Universalis, Quid,
Colette Beaune : "Les Manuscrits des Rois de France au Moyen
Age, le Miroir du Pouvoir")
L'Antiquité avait fait du coq blanc un oiseau
sacré, dédié aux dieux, le symbole de la lumière et de
l'immortalité de l'âme. L'Ancien Testament glorifiait
l'intelligence du coq qui lui permettait de discerner les heures
et, dans l'Evangile, le coq chantait trois fois au soir du Jeudi
Saint, rappelant à Saint Pierre ses engagements. Le coq fut donc
le symbole de la vigilance face aux tentations et aux démons de
la nuit.
A partir du VIème siècle, cette qualité devint l'apanage des
saints qui ignorent les désirs charnels et veillent sur le
peuple de Dieu. La dévotion au soleil levant préchrétienne
transformée par Saint Patrick en dévotion au "Soleil de
Justice", (le Christ), était restée vive chez les moines
Irlandais qui ont rechristianisé
la France aux IVème-IXème siècles, tel Saint Efflam ;
ils ont introduit les coqs de clocher sur le continent.
Les moines, comme le coq, chantent les heures, docteurs de
l'Eglise ou prédicateurs chargés d'enseigner les fidèles et
d'annoncer le jugement dernier.
"Le Coq", c'est aussi le nom du repas auquel
on convie ses amis
en Haute Bretagne quand on vient de poser la charpente de sa
maison.
Il était autrefois coutume de tuer un coq pour cette occasion.
Pour 6 personnes
1 chapon 1 dl d'eau de vie de cidre
4 gros oignons
quelques lardons
1 gousse d'ail
1 bouquet garni
1 feuille de laurier
100 g de champignons
5 ou 6 pruneaux
1 l de cidre brut
2 cuillerées à soupe de beurre
sel, poivre
Couper le chapon en morceaux et les faire
revenir au beurre chaud avec les oignons émincés et les
lardons. Flamber à l'eau de vie, et couvrir de cidre.
A la première ébullition, réduire le feu et ajoindre le
bouquet garni, les pruneaux et les champignons. Saler,
poivrer, et laisser mijoter 1 heure à feu moyen.
Oter le bouquet garni.
Verser le tout dans un grand plat creux comme un ragoût.
Présenter comme garniture des pommes de terre à l'eau ou des
haricots verts.
Source : La Cuisine de Bretagne (Cuisines du
Terroir/Denoël)
Recette de Mme CORBEL, Ferme-Auberge, La Ville-Andon, Plélo